Laetitia et Joffrey ont dans le cœur un amour, une passion, une raison de vivre. L’un pour l’autre, c’est flagrant. L’un et l’autre pour leurs enfants, c’est évident. L’un et l’autre pour le Cheval de Trait Ardennais, c’est hallucinant. De ce cheval emblématique de l’Ardenne, ils ont fait leur carburant de vie et le moteur de leur entreprise familiale de Porcheresse en Ardenne.
Réglé comme du papier à musique
Alors que Laetitia s’active en cuisine pour préparer les plats qui garniront les tables des trois chariots, Joffrey s’assure que le matériel est en ordre et que les chevaux auront le picotin journalier. Leurs filles Nolwenn et Ilona participent aux préparatifs : Dans l’écurie, Ilona prépare les chevaux et les harnachements, aidée par Aaron, un étudiant, alors que Nolwenn ravitaille les chariots et y dresse les tables. Tout est réglé comme du papier à musique, chacun étant rôdé à ses tâches maintes fois répétées. A midi sonnante, tout est parfaitement préparé. Dans les chariots, la vaisselle est clinquante. Les boissons et les plats sont maintenus au frais. Les chevaux, garnis des plus beaux harnais, sont luisants des oreilles aux sabots.
A une centaine de mètres des écuries, au pied de l’église du village, les clients attendent impatiemment de prendre place dans le restaurant hippomobile qu’ils ont préalablement réservé. Aragon, un hongre Ardennais et Wynie, jument Ardennaise allégée (Arattel F3) annoncent leur arrivée en faisant claquer leurs fers sur la route. Alors que Joffrey immobilise l’attelage devant l’édifice religieux, son épouse Laetitia acceuille les clients du jour par son plus beau sourire contagieux. Laetitia ne ménage pas ses explications sur la région, les produits locaux servis à la table du chariot et sur les chevaux attelés au convoi. Une fois assouvis de leurs diverses questions, les clients prennent place et s’attablent dans la grande voiture d’attelage. Rapidement, les rires se mêlent aux cliquetis des verres d’apéritifs. C’est parti pour plus de 2h30 de balade gourmande, au pas du cheval de trait, au travers des vallons environnants.
En milieu de parcours, une halte permet aux chevaux de s’abreuver et de prendre le picotin. Les clients en profitent pour se dégourdir les jambes, faire des photos de l’attelage et pour discuter avec le meneur et les accompagnateurs.
Une croissance rapide de l’entreprise
Le couple de Porcheresse en Ardenne a démarré cette activité touristique en 2014. Les diverses activités de débardage et de travaux en forêt qui l’ occupaient jusqu’alors n’étant plus suffisamment rentables, il se devait de diversifier les activités pour lesquelles il voulait garder le cheval de trait central. Au début seules 5 ou 6 balades gourmandes mensuelles contribuaient aux revenus familiaux. Dans le même temps, Laetitia et Joffrey participèrent à un appel à projet de la Province de Luxembourg sur le tourisme et l’innovation où ils furent lauréats. Encadrés et promotionnés par la Province, l’entreprise prit de l’ampleur et les clients se manifestèrent de plus en plus nombreux. Les balades gourmandes occupaient toujours davantage les journées et les week end de ces débardeurs convertis en restaurateurs ambulants.
L’affluence des clients obligeait parfois l’entreprise à refuser des commandes. Ce succès grandissant encouragea Laetitia et Joffrey à acquérir un deuxième puis un troisième chariot restaurant et à accroître le nombre de chevaux dans l’écurie. Aujourd’hui, ils sont au nombre de 11, dont 8 s’alternent par paires aux chariots restaurant. Les chevaux se relaient aux 3 à 4 balades gourmandes journalières qui s’étalent du matin au soir, sous diverses formules à la carte : petit déjeuner, brunch, déjeuner, goûter ou dîner, 5 jours par semaine, week end et jours fériés compris, en toutes saisons. Diverses balades à thème comme le brâme du cerf ou de circonstance (anniversaires, brûlage de culottes, …) sont également proposées. Chaque chariot peut emmener jusque 12 personnes. Dès que le besoin s’en fait sentir, des chauferettes et des plaids sont disponibles dans les chariots.
Une capacité d’accueil de 72 personnes est également proposée aux groupes ou dans le cadre d’activité d’entreprise comme les Team Building. Cette formule combine les balades gourmandes avec la visite du musée du sabot du même village.
Des Chevaux de Trait Ardennais sinon rien
A la question du pourquoi du choix de la race de chevaux, Joffrey répond : «C’est d’abord pour l’amour des chevaux de Trait Ardennais et parce que les gens viennent chez nous pour eux. C’est un cheval de notre terroir de l’Ardenne ». « Je ne pourrais pas envisager d’autres chevaux » ajoute t’il. Les chevaux attelés aux chariots sont particulièrement musclés. Leurs dos et leurs croupes expriment un relief sculpté par l’allure du pas qu’ils gardent en permanence au travers des chemins vallonnés.
La passion pour le Cheval de Trait Ardennais va au delà de l’activité professionnelle de Laetitia et Jeoffrey. Récemment, avec deux de leurs chevaux, ils ont participé à la Route de la Suisse Normande avec l’équipe des « Ardennais Belges » dont ils font partie. Ils participent à des concours de modèles et allures avec les plus beaux sujets de leur écurie. Ils présentent annuellement un superbe étalon baie, Fédor, à l’expertise annuelle des étalons raceurs. Cette année encore, Fédor a été admis à la monte.
Ce qui me frappe dans cette entreprise ,c’est l’harmonie du couple qui l’a fondée, c’est cette famille qui fait de son partenaire de vie, le Cheval de Trait Ardennais, le cœur de son bonheur. Le concept gastronomique de haut niveau que proposent Laetitia et Joffrey marie l’énergie hippomobile avec des produits de bouche locaux de qualité qui émoustillent les palais. Ce que j’admire aussi, ce sont ces chevaux aguérris, préparés et menés par des professionnels de l’attelage équestre qui ne laissent rien au hasard.
Valère Marchand